Le Club des Cinq
Dans
les années 70, beaucoup d’œuvres
littéraires se virent adaptées pour le petit écran.
On citera entre autres Jules Verne, Stevenson... mais la littérature
enfantine, y compris la bande dessinée ou les séries
dont les héros sont des enfants, ne fut guère présente
dans les programmes.
Pourtant
elle fourmille de jeunes aventuriers et aventurières en herbe
qui ne demandent qu’a être adaptés :
Fantômette, Alice, Michel... ou la patrouille des Castors pour
la bande dessinée. En 1978, ce fut aux romans de Enid Blyton,
Le Club des Cinq,
que revint l’honneur d’une adaptation télévisée
qui vit le jour en Angleterre.
C’est
en 1942 que l’écrivain Enid Blyton créa The
Famous Five, plus connu sous nos cieux
sous le nom du Club des Cinq.
Chaque roman nous fait partage les aventures mystérieuses dans
lesquelles se trouvent mêlés quatre adolescents et leur
chien durant les vacances scolaires.
Enigmes
policières, rapts, disparitions, demeures mystérieuses,
fantômes, nos cinq amis vont vivre au fil des romans de bien
dangereux, mais ô combien palpitants moments. Leur intelligence
et leur habileté saura les tirer des pires situations et il
n’est pas un brigand qui ne finira pas menottes aux poignets.
La
série est une adaptation directe des romans de l’écrivain.
Dés 1977, treize épisodes de vingt-cinq minutes furent
tournés en Angleterre, suivis de treize autres en 1978. La
série fut diffusée avec succès en France en
décembre 1977 dans le cadre des Visiteurs
de Noël, puis des Visiteurs
du mercredi et connut quelques
rediffusions notamment en 1982 et 1983 à nouveau dans Les
visiteurs du mercredi puis Croque
vacances, avant de réapparaître
sur A2 en 1988 dans Graffitti 5-15
et Éric toi et moi.
Avant
d’aborder de la série elle même, il est judicieux
de revenir sur les romans d’Enid Blyton, leur origine, leur
genèse et leur construction ainsi que de l’impact que
les aventures de ces cinq adolescents ont pu avoir à travers
le monde. La série étant une transposition directe des
romans, cette approche est nécessaire afin de mieux situer et
comprendre la trame de différentes histoires.
Les Romans
La naissance du mythe
Enid Blyton n’a que 20 ans en 1917 lorsque deux de ses poèmes
sont publiés dans une revue. Cinq ans plus tard, c’est
un recueil pour enfant qui est édité, suivi d’une
multitude de contes, pièces de théâtre et romans
d’aventures. Au fil du temps, elle accélère le
rythme de ses parutions et à sa mort, en 1968, c’est
plus des six cents volumes qu’elle laisse derrière elle.
C’est
en 1952 qu’elle créa Le
Club des Cinq, donnant naissance aux
vingt et un volumes qui composent le cycle qui prendra fin 11 ans
plus tard.
Un succès foudroyant
Le
succès et la gloire furent tout de suite au rendez-vous. Le
Club des Cinq provoqua un tel
engouement chez les enfants qu’aux six volumes prévus au
départ, Enid Blyton dut en rajouter quinze autres afin de
satisfaire la demande de son jeune lectorat. À la parution du
dernier roman en 1963, plus de six millions d’exemplaires
avaient été vendus en Angleterre, nombre qui ne fit que
s’accroître avec l’arrivée de l’édition
de poche.
La
popularité est telle que des 1952 un Famous
Five Club se crée. Une pièce
de théâtre sur le thème des Cinq
sera écrite par et certains des romans seront portés à
l’écran sous forme de serials, bien avant les
adaptations télévisées récentes.
En
France, c’est Hachette qui entreprend la traduction des Cinq
sous le titre Le Club des Cinq.
À
la mort de l’auteur, Hachette publiera un nouveau cycle de
vingt deux volumes, librement inspiré de l’ancienne
série, mais plus actuel.
Les
Cinq seront désormais aux quatre
coins du monde, héros planétaires et indestructibles.
Une
littérature controversée
Au
fil des années, d’autres supports s’intéressent
aux personnages : la radio, la télé et enfin les
disques et cassettes, sur lesquels on enregistre quelques histoires.
Aujourd’hui encore, Le Club des
Cinq tient une place prépondérante
dans l’univers de la jeunesse.
S’il
existe un phénomène Club
des Cinq, il faut savoir pourtant que
la réaction que suscita l’œuvre d’Enid
Blyton fut assez négative auprès des adultes et surtout
de la critique professionnelle. Celle-ci jugea cette littérature
médiocre, insignifiante, d’un style et d’un
vocabulaire pauvre.
Les
scénarii eux sont qualifiés de répétifs
et peu réalistes, les héros de stéréotypes
évoluant dans un univers illusoire ; sans parler de
l’idéologie que véhicule les romans.
Radiographie
d’un roman
En
étudiant de près les romans d’Enid Blyton, on
s’aperçoit que chacun d’entre eux s’articule
autour d’un même schéma découpé en
quatre parties distinctes à savoir : le prélude,
la quête, l’affrontement et le dénouement.
Chaque
partie est loin de recevoir un traitement égal, les deux
premières étant les plus développées.
Revenons
rapidement sur chacune des parties.
Le
prélude
Tous les
romans débutent de la même façon : les
vacances arrivent, Claude et ses cousins séparés durant
les périodes scolaires se retrouvent à cette occasion
chez les parents de celle-ci, à Kernach. On assiste à
leur installation, leur vie quotidienne, leur rencontre avec d’autres
enfants destinés à jouer un rôle dans l’intrigue.
Puis l’univers s’élargit, on visite et l’insolite
se pointe. Une menace, une découverte étonnante ou même
un simple récit et l’atmosphère se crée.
La
quête
Elle
pousse nos héros à entrer dans l’action. Les
histoires peuvent être classées en trois catégories :
- Celle
de la victime à retrouver qui bien souvent est un des membres
des Cinq ou
une personne proche de leur entourage.
- Celle
des mystères à élucider qui se conclut par la
découverte d’un méfait commis antérieurement
ou en cours d’accomplissement : trafic, séquestration
ou tout autre pratique illicite. Cette catégorie est la plus
caractéristique de la série.
- Celle
de l’objet à découvrir : dès le
début le lecteur est mis au courant de l’objet
recherché. La quête devient le centre du récit.
Quelque
qu’elle soit, elle s’articule autour de quelques
principes : la réflexion où les Cinq,
interpellés par un fait extérieur, s’interrogent,
interprètent des indices et émettent des hypothèses.
Arrive
ensuite l’action dans laquelle les Cinq
surveillent et fouillent pour en savoir davantage, en agissant
toujours de la même façon, le hasard les aidant souvent.
L’affrontement
C’est
dans cet univers inconnu que va se dérouler l’affrontement
avec l’ennemi. Cette confrontation est soumise à
plusieurs facteurs :
Les
héros parvenus au bout de leur recherche, l’ennemi est
démasqué mais il ne se laisse pas attendir par les
enfants. Une poursuite s’ensuit, une lutte ou le plus souvent
la capture des Cinq.
Le moment
de la libération arrive et peut prendre plusieurs formes,
selon que les héros réussissent à s’échapper
seuls ou par l’intermédiaire d’une aide
extérieure.
L’ultime
phase sera la victoire des Cinq
avec l’arrestation de l’ennemi qui très souvent a
des allures de malchance ou de totale déconfiture.
Le
dénouement
Revenus
dans leur univers familier, les enfants peuvent raconter leurs
exploits et de leurs révélations découlent pas
mal de faits : l’arrestation des malfaiteurs, la
restitution de objets volés ou du trésor à qui
de droit, les familles retrouvent leurs proches kidnappés,
etc.
Quelque
soit l’enjeu, les adultes ne peuvent qu’admirer les
enfants.
Un
univers carton-pâte ?
Les
personnages du Club des Cinq
évoluent dans uns univers à leur mesure, un monde
souvent peu détaillé. Mais l’univers des contes
est it plus détaillé ? Pas vraiment et cet aspect
vague n’est il pas le plus profond dans le seul point de vue de
la symbolique ? C’est plus l’atmosphère qui
se dégage d’un lieu ou d’une demeure qui va
susciter l’imaginaire de l’enfant et l’inciter à
s’évader et rêver qu’une foison de détails
dont il n’a que faire. Le Club
ne faillit pas à la règle. Voyons succinctement les
lieux les plus souvent retrouvés dans les romans d’Enid
Blyton.
Kernach :
Lieu de
départ de chaque roman, Kernach est une petite localité
situé au bord de la mer qui évoque la Bretagne ou le
cottage anglais. Claude habite à la Villa des Mouettes,
confortable maison, où les enfants aiment venir se reposer et
tout oublier.
Il y a
l’île de Kernach aussi, tranquille d’apparence mais
coupée de l’univers de quotidien, c’est un autre
monde, désert, sauvage, propice aux découvertes.
Les lieux
familiers :
La série
met surtout deux paysages en scène : la mer et la
campagne. Si la mer est surtout présente dans les premiers
romans, une grande prédilection est données par la
suite aux bois, champs, prairies... Mais l’aventure nécessite
d’autres décors et chaque roman propose des lieux
insolites comme ceux où les enfants se hasardent. Marécages,
déserts, paysans sinistres sond de mise.
La
présence de scènes nocturnes vient souvent renforcer
l’aspect sinistre du décor. L’ancienneté
des vieilles demeures fait naître le mystère et
l’aventure. On pourra aussi trouver des vieux châteaux ou
des manoirs antiques quand ce n’est pas qu’une simple
ruine.
Sans
oublier les souterrains et les passages secrets qui viennent souvent
renforcer leur aspect mysérieux.
La
Série
Bien
avant la naissance de cette série, Le
Club des Cinq avait connu quelques
adaptations télé en Angleterre. Deux serials avaient vu
le jour, l'un en 1957 (Le Club des Cinq
et le trésor de l'île),
découpé en huit épisodes de 15 minutes et
l'autre en 1964, "Five Have A
Mystery To Solve,
en six épisodes de 15 minutes. Mais nos jeunes héros
n'avaient pas encore eu les honneurs d'une grande série télé.
Son arrivée n'en était que plus attendue par les fans
qui ne devaient pas être déçus. Chacun sait que
la transposition a l'écran de romans quelque qu'ils soient sur
le grand ou le petit écran n'est jamais évidente tant
le risque est lourd de décevoir le spectateur. Lorsque fut
enfin diffusée la série, c'est un vent de satisfaction
et d'enthousiasme qui souffla sur les chaumières. En effet,
dès le sublime générique nous voilà
rassuré. Ce dernier donne de suite le ton: on découvre
nos cinq amis qui ressemblent aux héros crées par Enid
Blyton, tel qu'on pouvait les imaginer physiquement, attirant
d'emblée notre sympathie.
Des
personnage fidéles
Si
les ingrédients étaient tous réunis pour que
cette version fonctionne, fallait-il encore que l'esprit des romans
et la personnalité des héros soient respectés.
Si chacun des personnages est fidéle aux livres, leurs traits
de caractère se voient tout de même simplifiés au
profit de l'histoire et de l'action. Si les grands traits sont
présents pour chacun, ceux ci sont édulcorés.
Claude est bel et bien l'image parfaite du
garçon manqué dans son look et sa personnalité,
mais ses revendications se font plus discrètes. Elle est plus
sage, moins ambiguë, mais ne perd en rien ni de sa force, ni de
son amour pour son chien. Les personnages masculins, François
et Mick, retrouvent également les principaux traits qui les
caractérisent, mais quelque peu adoucis. La force de caractère
de Mick est beaucoup moins mise en évidence dans la série
et ses prises de bec avec Claude plus en retrait. La domination et le
mauvais caractère dont il fait preuve parfois est absent de la
série.
On
pourrait reprocher à Marcus Harris une interprétation
un peu raide qui amoindrit quelque peu la force originale du
personnage, mais ce défaut si toutefois on peut parler de
défaut, est beaucoup moins visible dans la deuxième
série où chacun des jeunes acteurs a gagné en
maturité et en professionnalisme.
Gary
Russell est lui par contre égal au
personnage du roman qu'il incarne. Joyeux, bout en train, amical,
prêt à l'aventure, il est avec Annie le héros le
plus fidèle à celui crée par Blyton, le naturel
de Gary y étant certainement pour quelque chose aussi. Ceci
s'applique aussi à Jennifer Thanisch dont le visage épouse
parfaitement l'héroïne qu'elle campe. Image parfaite de
la jeune fille sage, incarnation de la douceur, facilement
impressionable et très féminine, Annie pourrait même
être plus fidèle à son personnage que Gary.
Quant aux
histoires elles mêmes, si elles ne respectent pas toujours
l'ordre des romans pour des raisons de droits, elles en reprennent le
même schéma. L'amateur ne se sentira donc ni trahi ni
perdu. Il y retrouvera tout l'esprit de l'écrivain ainsi que
le souffle des romans qui toutefois sont quelque peu simplifiés
dans leur trame, sons que cela ne nuise pour autant à
l'histoire qui se concentre surtout sur l'action.
Une
belle aventure
C'est dans
le courant de l'année 1977 que furent donnés les
premiers coups de manivelle de la série qui allait se découper
en deux saisons de treize épisodes chacune.
Près
de Southampton, l'immense demeure Exbury House, qui appartenait à
la célèbre famille Rothschild, fut choisi comme lieu de
tournage. L'équipe télé allait transformer la
gigantesque propriété en un énorme studio.
Chaque
pièce allait comme par magie devenir selon les épisodes,
un salon, une cuisine, une chambre... Les bureaux de la production se
trouvaient aux étages. Les magnifiques alentours se prêtaient
admirablement bien aux rebondissantes aventures de nos amis.
L'immense propriété était ouverte au public y
compris lors des tournages et les visiteurs ébahis pouvaient
au détour d'un bosquet tomber sur nos petits aventuriers en
pleine action.
Des
péripéties hors tournage
Un
tel décor floral peut sembler idyllique mais Michelle
Gallagher qui jouait Claude vous dira sûrement le contraire.
Souffrant d'allergie et sujette au rhume des foins, elle souffrit
beaucoup lors des tournages surtout lors de la première série.
Les conséquences sur sa voix furent les plus dramatiques si
bien que pour la deuxième série, les scénaristes
inclurent dans les histoires les problèmes d'allergie de la
jeune comédienne. "Je ne voulais pas que les
téléspectateurs pensent que j'avais des incessants
problèmes de gorge" se souvient elle. Jouer avec un chien
n'est pas non plus de tout repos, personne ne pouvant prévoir
les réactions de l'animal ou lui ordonner de faire ce qu'il
refuse, même une fois entraîné. Les tournages se
faisaient donc au jour le jour avec ou sans le bon vouloir de Toddy,
le colley noir et blanc qui jouait Dagobert. Mais quelque soit le
nombre de prises qui devaient être faites ou les aventures
qu'ils devaient vivre, nos cinq comédiens - oui, oui le chien
également - sont dans leur élément. "Si
seulement la vie était ainsi" commentait alors Michelle
Gallagher, "jamais les enfants ne s'ennuieraient!"
Une
réelle harmonie
La
principale réussite de cette adaptation reposait évidemment
sur l'entente parfaite des jeunes comédiens avant tout, une
entente qui devait déjà opérer hors caméra.
Tous venus d'horizons différents, les quatre acteurs se virent
réunis pour la première fois quelques temps avant le
tournage du premier épisode pour une conférence de
presse. La magie opéra de suite et ils s'entendirent
admirablement bien. Lorsque le tournage commença quelques
temps plus tard, ce fut pour eux une joie de se retrouver d'une part
mais aussi de jouer désormais ensemble le temps d'une première
saison.
Quand
le rêve n’est plus hors caméra
Si
la vie hors tournage fut quelque peu morne pour nos jeunes comédiens,
ce fut essentiellement à cause des conditions d'hébergement
qu'ils devaient subir. Tous logés dans un hôtel, la vie
peut paraître bien plate quand à douze ou treize ans, on
se retrouve entouré d'adultes dont l'unique désir est
de regarder les feuilletons télé dans la grande salle
commune ou de jouer aux cartes. L'ultime cauchemar pour nos enfants
était le restaurant qui ne proposait que des cartes de menu
écrites en français! Mais à tout malheur,
bonheur il y a.
La
note de joie et de bonne humeur venait des jeunes acteurs qui
jouaient en guest start pour chacun des épisodes; un en
moyenne par histoire. Gary Russell se souvient avoir trouvé
d'excellents amis parmi eux, avec qui il partagea maints délires
de son âge.
Quelques
souvenirs de tournage
Dès
le premier épisode, une réelle amitié naquit
entre Gary Russell et Michelle Gallagher. Leur passion pour la
musique et David Bowie les ayant vite réunis.
Ce
fut entre eux souvent de longues scènes de fous rires ou de
plaisanteries qu'eux seuls comprenaient notamment lors du tournage
des "Cinq dans la tour du contrebandier".
Par
contre Gary souffrait terriblement d'un horrible complexe surtout
face à Marcus: son torse. Le pauvre Gary le trouvait si peu
développé que c'était pour lui un enfer de
tourner certaines scènes torse nu lors principalement des
séquences de baignade, le jeune garçon s'arrangeant le
plus souvent pour qu'on le voit le moins possible à l'écran.
D'un an son cadet, Marcus était pourtant beaucoup plus
développé! Aujourd'hui, en se revoyant, Gary rêverait
de retrouver sa taille d'alors!!
Si
l'entente était parfaite entre les quatre membres du club, il
y eut beaucoup de plaisirs et d'émotions, de rires et de liens
qui se créèrent avec les jeunes acteurs invités
ainsi que les comédiens confirmés qui malheuresement
pour la plupart nous ont quitté aujourd'hui. "Si quelques
uns n'aimaient pas jouer avec des enfants, ce fut en général
un grand plaisir de tourner avec autant de grand noms, partagé
entre professionnalisme et bonne humeur", se souvient Gary
Russell.
La
deuxième saison fut tout aussi agréable même si
elle fut parsemée de quelques évènement qui
assombrirent la bonne ambiance de l'équipe. Après un an
où personne ne s'était revu, Gary, Marcus, Michelle et
Jennifer se retrouvèrent, tous plus mûrs, physiquement
plus mâtures et la complicité était toujours
aussi présente. Cette fois la production avait oublié
l'hôtel et nos jeunes héros furent logés dans uns
splendide ferme en pleine campagne que Gary voulut par la suite
acheter tant elle était parfaite. S'ils savaient qu'il n'y
aurait pas de troisième saison, c'est surtout la mort de leur
professeur qui s'occupait d'eux lors les tournages qui noircit le
plus cette saison.
Ce
décès survint à la fin de la première
partie des "Cinq et l'or des naufrageurs" et selon Gary
leur jeu d'acteur s'en ressentit lors du tournage de la seconde
partie, la tristesse et la peine les empêchant de jouer
correctement.
Hormis
cela, les deux années de tournages furent pour nos quatre
compagnons deux années d'intenses plaisirs qu'aucun d'entre
eux n'a oublié.
Une
ambiance devant mais aussi derrière les caméras
la
place de Marcus tant il se sentait proche de lui. Gary Dundavin dans
"Les Cinq en roulotte" marqua les esprits par son côté
turbulent et incontrôlable, mais également par le fait
qu'il détestait les singes, alors qu'il était censé
les adorer pour les besoins de l'épisode. Les jumeaux des
"Cinq et la lande mystérieuse" ne furent pas
d'excellents camarades tant l'un des deux était irascible,
détestant ce métier d'acteur qu'il n'avait jamais
souhaité faire. Mais de tous les enfants invités, c'est
Rupert Graves (Les Cinq et le cirque), dont Gary restera le plus
proche durant de longues années, se retrouvant souvent aux
mêmes auditions jusqu'à ce que Rupert décroche la
célébrité avec le film Maurice.
Une
pléiade de grands acteurs déboulait également
sur le tournage, chacun avec ses manies, son humour mais également
son antipathie comme Frank Jarvis (Les Cinq et le chemin secret) qui
malgré ses bons conseils détestait jouer avec des
enfants, Ronald Fraser (Les Cinq et la tour du contrebandier) un
alcoolique invétéré qui refusait souvent toute
scène avec des enfants.
Heureusement
la plupart d'entre eux étaient charmants, toujours pleins de
bons conseils et d'excellents compagnons comme Prentis Hancock et
Lally Percy (Les Cinq et la Jolie Jane),
Brain Andrews (Les Cinq contre le espions) que les enfants
considéraient un peu comme un grand frère, Brain
Croucher et Leon Cirek (Les Cinq font du camping) sans oublier des
acteurs tels que Patrick Troughton (Les Cinq prennent la fuite) qui
firent partie de la distribution de Docteur Who, la série
culte de Gary, avec lesquels il passa de longs moments à en
discuter.
Des
peurs et des larmes
Les
Cinq connurent aussi de difficile moments comme le suicide de Sean
Lynch qui jouait Lou dans "Les Cinq en roulotte", quelques
mois après le tournage de l'épisode. Il y eut aussi les
souvenirs cocasses comme ceux de Peter Dennis qui jouait dans "Les
Cinq repartent à l'aventure", un grand acteur anglais
aujourd'hui exilé aux États-Unis qui passait le plus
chair de son temps à déambuler en mini short, jouant au
freesbee avec Marcus et Gary, délaissent les filles. Ce qui
paraissait étrange alors devint une anecdote comique plus tard
quand ils surent que Peter était homosexuel.
"Le
Club des Cinq" a toujours fourmillé d'animaux et rares
sont les épisodes où il ne sont pas présents.
Outre Dagobert, un bon nombre d'animaux plus ou moins familiers
apparaissent au fil des histoires: éléphants, reptiles,
chevaux, singes... Ces derniers souvent présent pour le
malheur de Gary qui a toujours éprouvé une profonde
antipathie vis à vis de ces primates. Il était parfois
difficile pour lui de jouer en feignant les adorer, contrairement aux
reptiles qu'il a toujours affectionné.
Le
plus étrange étant la phobie qu'il a depuis toujours
des... vaches! Un animal qu'il qualifie de stupide et qui le fait
frémir de dégoût. Imaginez le calvaire de Gary
lors de l'épisode "Les Cinq dans la lande mystérieuse"
ou les ballades en campagnes aves ses amis. Ce n'était pas le
cas des chevaux par contre qu'il a appris à monter avec
plaisir au contraire de Jenny que cela n'enchantait guère.
Malheureusement
pour Gary, d'autres points faibles venaient s'ajouter a ceux déjà
cités. Le jeune acteur souffrait de vertiges. Les scènes
de hauteur ou d'escalade devenaient un cauchemar pour lui au
contraire de Jenny très à l'aise. Les réalisateurs
devaient prendre en compte le problème et faire en sorte que
Gary soit le moins possible à l'écran durant ces
prises.
Les
Cinq aujourd’hui
Trois
mois après le tournage du dernier épisode, Gary,
Marcus, Jennifer et Michelle se revirent pour une séance de
photos pour la promotion télé de la deuxième
saison. Puis ils se dispersèrent chacun de leur coté.
C'est en 1980 qu'ils se retrouvèrent, puis qu'ils firent la
une du Daily Mail, pour sa chronique "Que sont ils devenus?".
Quelques photos furent prisent pour l'évènement.
Ce
fut leur dernière rencontre jusqu'en 1990, lorsque Marcus les
réunit pour un dejeuner chez lui.
Malheureusement
Michelle déclina l'invitation, trop occupée par ses
problèmes personnels.
Nos
quatre amis ont désormais leur vie loin des caméras.
Jennifer s'est mariée, Marcus s'est lancé dans
l'informatique, Michelle a, quant-à elle, disparue. Seul Gary
est resté dans le milieu du spectacle, à travers une
foule d'activités très diverses. Quant à
Dagobert, il est malheureusement mort trois mois après la fin
de dernier épisode des Cinq, emporté par un cancer.
Des
héros intemporels
C'est
avec grande joie et sans se trahire que les amateurs du club pourront
visionner cette excellente série, où ils retrouveront
tout l'univers et les lieux imaginés par Enid Blyton.
Il
faut signaler que les très beaux décors anglais dans
lesquels la série fut tournée contribue également
à sa réussite.
Châteaux,
manoirs, grottes, souterrains et magnifique landes naturelles
alternent selon les épisodes pour le plus grand plaisir des
yeux.
Si
la griffe 70's est belle et bien présente, donnant un petit
coté kitsch à la série, ceci n'altèrent
en rien la qualité de celle-ci ni le plaisir à la
revoir aujourd'hui. Ce petit air un peu vieillot augmente même
ce plaisir.
Nostalgie
peut-être, mais cet aspect sied à la perfection au "Club
des Cinq", dont les notes du très sympathique générique
résonneront encore longtemps dans nos mémoirs.
Les
personnages
C’est
surtout dans les personnages que l’œuvre trouve sa grande
cohérence, plus encore que dans les évènements
racontés. Les personnages sont d’autant plus importants
lorsqu’on sait à quel point les jeunes lecteurs aiment
s’identifier à leur héros.
Le
Club des Cinq se compose des trois enfants Gauthier : François,
Mick et Annie, leur cousine Claudine Dorsel surnommée Claude
et son chien Dagobert.
Les
deux autres personnages récurrents sont l’Oncle Henry et
Tante Cécile, les parents de Claudine.
Claude,
pilier central du club
Agée
de douze ans, elle est un vrai garçon manqué et elle
apparaît comme le personnage principal de la série.
Héroïne constante, elle est la plus présente dans
les récits et se trouve souvent au centre de ceux-ci. Son coté
actif est renforcé par ses qualités : décidée,
volontaire, loyale, et franche.
Malgré
ses défauts, ses colères et son entêtement, ses
cousins l’adorent et lui vouent une réelle amitié.
Derrière
ces aspects, Claude cache une personnalité complexe.
Colérique, excessive, indépendante et presque rebelle,
elle peut être insupportable. Egoïste, orgueilleuse,
méprisante, elle refuse tout partage et toutes les filles sont
pour elle des rivales. Mais derrière cette image de force
inébranlable, Claude ne peut pas toujours refouler son
émotivité.
Dagobert,
le chien
C’est
un gros chien bâtard qui attire de suite la sympathie. Dagobert
est un des cinq membre du club dont le caractère humain
prédomine, intelligent, perspicace, il possède une
vraie personnalité : joueur, affectueux mais aussi
rancunier et boudeur.
A
ceci s’ajoute son flair exceptionnel et son coté
protecteur. Les enfants le considèrent comme un humain,
surtout Claude avec laquelle il entretient une relation privilègiée,
leur amitié étant réciproque. Rien ne peut les
séparer.
François
Il
est sans aucun doute celui qui domine ce sous groupe en concurrençant
parfois Claude dans le rôle de protagoniste. François
est le plus âgé et se distingue par sa force de
caractère, son sang froid et sa volonté. Cordial et
sympathique, il incarne le parfait leader et peut être
considéré comme le responsable de l’équilibre
du clan et de sa cohésion. Sa maturité en font le
parfait arbitre de la bande et du fait de son âge ; il est
le porte-parole devant les adultes. Les affrontements avec Claude
sont souvent inévitables.
Mick
D’un
an plus jeune que François, il est à ses cotés
sans pour autant s’effacer devant lui, même s’il
accepte son autorité.
Plus
impulsif, il ose braver seul les dangers et dans ce sens, il se
rapproche du caractère de Claude. Intuitif et ingénieux,
Mick est imaginatif et bon vivant ce qui tranche avec le coté
sévère de François. Drôle, taquin, il aime
les êtres capables de fantaisie et au grand scandale de ses
amis, il aime côtoyer les marginaux. Mick a donc toutes les
qualités pour être le personnage le plus accessible pour
les jeunes lecteurs, même s’il est le plus souvent
cantonné aux rôles secondaires, tandis que Claude et
François monopolisent le plus souvent l’attention.
Annie
Elle
est la plus jeune et au sein du groupe, son rôle est surtout
passif, sa présence discrète. Elle sert plus
d’auxiliaire, allant chercher de l’aide par exemple. Elle
est aussi parfois l’élément gênant du
groupe, en bavardant trop ou se blessant au cours d’une
poursuite. Annie n’aime guère l’aventure, elle est
impressionnable et timide. En cela, ses actes de bravoure n’en
sont que plus étonnants. Annie est une enfant naïve,
trait qui séduit ses compagnons.
Oncle
Henry et Tante Cécile
Ce
sont les parents de Claude. L’oncle Henry est un scientifique
parfois bougon, parfois farfelu mais que les enfants adorent même
si quelquefois il sait se faire autoritaire. Ses travaux sont souvent
la cible de malfrats. Tante Cécile est une femme douce,
compréhensive et représente en quelque sorte la mère
idéale.
On
peut donc dire que l’image proposée par Enid Blyton
reste fidèle à la psychologie de l’enfant. C’est
à cet âge que se crée le système de bande.
C’est l’âge des cabanes, des souterrains, des
explorations, des secrets et codes. C’est sans problème
que l’enfant pourra se retrouver dans l’univers du Club
des Cinq.
Les acteurs
Michelle
Gallagher
Elle
fut la dernière à être choisie lors du casting.
Ayant d’obscurs contrats financiers avec l’Allemagne, la
production devait trouver une actrice allemande pour la série
ce qui semblait très difficile. Michelle ayant un lointain
ancêtre d’origine germanique, elle fut engagée
pour le rôle de Claude. Elle n’eut pas une adolescence
facile, de graves problèmes familiaux la perturbèrent y
compris lors du tournage, problèmes qui s’aggravèrent
lors de la deuxième saison. Michelle connut un parcours
chaotique et sa carrière devant la caméra s’arrêta
après la série. Elle n’eut guère plus de
chance dans sa vie privée par la suite et refusa les quelques
réunions organisées par ses ex-amis au début des
années 90.
Marcus
Harris
Au
départ, Marcus aurait dû interpréter Mick, mais
c’est à Gary Russell que revint ce rôle et Marcus
tomba dans la peau de François.
Après
la fin du Club des Cinq, Marcus se retira de la scène et a
depuis fondé sa propre société d’informatique
et possède également plusieurs magasins de sport.
Jennifer
Thanisch
La
jeune Jennifer commença sa carrière dans le film
fantastique de Don Sharp : Dark Places sorti en France sous le
titre Le manoir aux fantasmes, en 1973, au coté de Joan
Collins.
En
1975, elle fut Susie dans la série The Sweeney.
Sa
ressemblance avec Annie ayant été préondérante
lors de son casting, elle fut la première à être
choisie pour la série. Jennifer arrêta sa carrière
à la fin de la deuxième saison et se consacra aux
études. Elle est aujourd’hui une épouse comblée
et est mère de deux enfants, une petite famille dont elle a dû
s’occuper comme, n’en doutons pas, l’aurait fait
Annie.
Gary
Russell
Né
en 1963, Gary était le plus âgé du groupe. Dés
sa plus tendre enfance, il voulu être acteur ou cascadeur. Il
prit très jeune des cours d’art dramatique. C’est
lors d’un de ses cours que son professeur annonça aux
élèves qu’une adaptation du Club des Cinq allait
se faire et que la production recherchait des jeunes acteurs. Gary se
présenta et au bout de trois castings emporta le rôle de
Mick. Ses premiers pas sur scène remonte à 1974 dans
une pièce de théâtre aux cotés du grand
Vincent Price. Il continua la scène jusqu’en 1977 date à
laquelle il tourna le Club. A la fin de la série, il reprit
les chemins du théâtre.
Il
apparut dans une très brève et furtive séquence
d’Octopussy, une scène de cascade en voiture, dont il
éprouve une certaine fierté à parler à
ses amis, incrédules. Quelques téléfilms
suivirent puis c’est à la BBC qu’il travailla dans
le secteur presse et publicité.
En
1991, il devient l’éditeur du magazine Doctor Who, un
héros qu’il a toujours admiré. Il en profite pour
apparaître dans quelques épisodes de la série qui
en est tirée. En 1996, il quitte tout et se lance dans
l’écriture. Il vit aujourd’hui prés de
Londres dans un petit appartement victorien.
Sue
Best
L’actrice
qui joue la mère de Claude, la charmante tante de nos héros,
n’a interprété que ce rôle et délaissa
malheureusement par la suite les caméras.
Michael
Hinz
L’acteur
qui interprète M. Dorsel, d’origine allemande, débuta
sa carrière dès 1959 ; une carrière qu’il
mena surtout Outre-Rhin. Chez nous, on a pu le voir dans la série
Ardéchois cœur fidèle, en 1974 et dans le film La
mort de Mario Ricci, en 1983. Il fit également une apparition
dans la série Derrick en 1974. Il mit un terme à sa
carrière à la fin des années 90.
Hormis
ces rôles réguliers, une foule d’acteurs furent
invités à chaque épisode. Nous citerons pour les
plus connus :
Prentis
Hancock (le Paul des Cosmos 1999), Michael
Sheard (Docteur Who,...), Martin Potter (le héros du Satyricon
de Fellini), Rupert Graves devenu célèbre en 1987 avec
le film Maurice, Ronald Fraser (Les sept mercenaires) qui passait le
plus clair de son temps à boire et qui est aujourd’hui
malheureusement décédé, Peter Dennis qui fit
fortune aux États-Unis en jouant la plupart du temps des rôle
très british, ou encore James Villiers qui avouait ouvertement
détester jouer avec des enfants.
Le
Club des Cinq – Année 90 –
La
devise des années 90 étant de faire du neuf avec du
vieux, il fallait bien que tôt ou tard Le Club des Cinq soit
remis au goût du jour. Ainsi la nouvelle version vit le jour en
1996 et c’est avec angoisse que les fans attendaient son
apparition sur les petits écrans. Force est de constater que
l’ensemble n’est guère convaincant et que
nostalgie mise à part, cette version n’a pas beaucoup de
charme. Dès le premier épisode, le fan ne peut
ressentir que de la déception, peu de choses arrivant à
le captiver.
Si
les magnifiques paysages anglais servant de décors restent
fidèles aux romans et parviennent à réellement
émerveiller, peut être même du reste.
Dés
l’arrivée des protagonistes, la déception est
grande. Oncle Henry, aigri et ronchon, inspire plus la réticence
que la bonhomie, tandis que tante Cécile semble si triste
qu’on la transposerait volontiers dans Les Misérables.
L’apparition des Cinq achève le téléspectateur
tant le choc est grand de découvrir ces garnements criards et
turbulents qui ne cessent de s’agiter et de se crier dessus. On
est assez loin des enfants de la première génération,
très proches de nous, auxquels nous nous retrouvions tous un
peu, tant par leur comportement que par leur aspect. Ici, on a la
désagréable sensation que ce sont des images sorties
d’un livre du XIXè siècle ; les Cinq portant
culottes courtes et costumes-cravates, arborant la parfaite raie sur
le coté. Plus tête à claques que héros en
herbe, même Annie n’échappe pas à la règle,
avec sa tête de fausse gentille. On est loin de l’excellente
Jenny Thanisch.
Seule
Claude correspond assez bien au rôle qu’il lui et dévoué.
Si on est loin des héros de la première série,
il faut reconnaître à ce remake qu’il est
toutefois plus proche des romans d’une part au niveau des
décors et des lieux d’aventures et d’autre part
dans la physionomie des personnages. Il faut avoir en effet en tête
que Enid Blyton situait ses histoires dans les années 50. La
première série nous offrait un vision moderne avec ces
personnages très « seventies », des
enfants à notre image, ce qui était une erreur.
Ce
remake a su respecter au moins l’univers de l’écrivain,
ce qui plaira aux puristes. Pour le reste, cette nouvelle édition
n’a ni le charme ni le la fraîcheur de son modèle,
perdant en force et intérêt ce qu’elle gagne en
fidélité aux romans.
Fiche
technique
The
Famous Five
Angleterre
– 26 x 25’
1995/97
– Productions / Zenith North Limited
Directeur
de production: Keith Webber
Producteur:
John Price
Producteurs
exécutifs: Dan Maddicott, Peter Moth, Peter Murphy
Réalisateurs :
Tim Dowd, John Gorrie, Michael Kerrigan, Tony Kysh, Tim Leandro,
Andrew Morgan
Scénaristes:
Richard Carpenter, Helen Cresswell, Julia Jones, Alan Seymour
Musique:
Joe Campbell, Paul Hart
Avec:
Jemima Rooper (Claude), Paul Child (Mick), Marco Williamson
(François), Laura Petela (Annie), Christopher Good (Oncle
Henry), Mary Waterhouse (Tante Cécile),...
Text
zu den Annuals:
Au
Royaume-Uni, la série a donné lieu à la
publication de plusieurs almanachs, ainsi qu’à la
réédition des romans d’Enid Blyton.